vendredi 12 juin 2020

Intimidation ou liberté d'expression? À ne pas confondre.

Intimidation ou liberté d'expression?
Le tribunal a rendu une décision dans cette cause qui impliquait d'une part, le leader du groupe d'extrême-droite Atalante, Raphaël Lévesque, et d'autre part, Simon Coutu, alors journaliste chez Vice Québec.
Rappelons les faits.
Le 23 mai 2018, Raphaël Lévesque était entré avec cinq collègues d'Atalante, masqués, de solides gaillards, dans la salle de presse de Vice Québec pour faire un coup d'éclat (parler et chanter à haute voix, lancer des tracts) et ainsi intimider le journaliste Simon Coutu. Ce dernier avait déjà produit plusieurs reportages sur le groupe d'extrême-droite. Des images de cette irruption dans la salle de presse de Vice Québec ont d'ailleurs été tournées.
Surprise! Dans son jugement, la juge Roy n'y a pas vu de l'intimidation. Comme le rapporte le journaliste Michaël Nguyen du Journal de Montréal, la juge Roy a précisé que, selon elle, le meneur d’Atalante, Raphaël Lévesque, « n’avait fait qu’exprimer sa liberté d’expression ». Euh, pardon?
Voyons donc! Depuis quand, peut-on confondre ainsi intimidation et liberté d'expression?
De son côté, Paul Journet de La Presse+, écrivait sur Twitter: "Par curiosité, comment aurait réagi la magistrature si un groupe d'extrême-droite avait fait irruption, visage masqué, dans le bureau d'une juge pour lancer des tracts et dire "merci de partir la guerre" ?
Parenthèse.
Définition de l'intimidation: "action d'intimider volontairement, menace, pression. Des manœuvres d'intimidation."
(Le Petit Robert)
Fin de la parenthèse
Ce jugement est aberrant. Une salle de presse doit être protégée de toute intrusion d'individus qui cherchent à exercer des manoeuvres d'intimidation, du "bullying" envers les journalistes. Plusieurs cas d'intimidation ont eu lieu dans des salles de presse au cours des dernières années.
C'est dangereux. Un tel jugement peut constituer une invitation pour d'autres personnes ou groupes à agir de la sorte en se sachant à l'abri de poursuites.
La Direction des poursuites criminelles et pénales (DPCP) doit en appeler de ce jugement.

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