jeudi 31 octobre 2019

Transparence nécessaire pour les nouveaux modèles d’affaires des médias


Transparence nécessaire pour les nouveaux modèles d’affaires des médias

Les médias ont vécu une année très difficile en 2019.
Le Groupe Capitales Médias est engagé dans un processus de recherche pour des repreneurs potentiels pour Le Soleil, Le Droit, La Tribune, Le Nouvelliste, La Voix de l’Est et Le Quotidien. Nous devrions connaître le dénouement de cette opération d’ici le 27 novembre prochain.
Il faut saluer l’initiative significative « Je coopère pour mon journal »  mise de l’avant par le personnel des médias concernés et leurs syndicats. Ces campagnes de solidarité suscitent un puissant engagement des citoyens et des citoyennes qui démontrent ainsi leur attachement à leurs médias. Certains de ces médias régionaux profitent également d’un appui solide de leur milieu.

De son côté, La Presse+ poursuit la construction pérenne de son OBNL en misant là aussi sur un complément de financement provenant des dons de leurs lecteurs et lectrices. Un optimisme prudent semble prévaloir mais le défi est de taille. C’est que les revenus publicitaires poursuivent leur chute au profit des superpuissances numériques comme Google et Facebook. Près de 80% des revenus numériques sont aujourd’hui détournés vers ces géants américains.
Quant au quotidien Le Devoir, il poursuit une tradition de philanthropie établie depuis quelques années déjà avec « Les Amis du Devoir ». Une formule qui complète bien un modèle où l’abonnement a fait ses preuves.

Un peu d’air frais
L’aide aux médias mise en place par le gouvernement québécois donne un peu d’air frais à tous ces médias. On attend que le gouvernement fédéral nouvellement réélu concrétise une aide annoncée il y a près d’une année par le ministre des Finances Bill Morneault. Avec cet appui, les médias pourront développer des stratégies de développement à moyen et long terme.
Toute cette effervescence a donné lieu à une prise de conscience de l’importance d’une presse libre et indépendante dans toutes les régions du Québec. Il faut s’en réjouir. Nous en avions bien besoin. Les espoirs nourris par l’exemplaire détermination du milieu journalistique n’auront pas été vains.

La transparence devient plus nécessaire que jamais
Enfin, j’aimerais soulever une préoccupation intimement liée aux nouveaux modèles de propriété envisagés. Ces modèles devront en effet afficher la plus grande transparence auprès du public. Il est rassurant de pouvoir obtenir l’appui financier de donateurs. C’est une note d’espoir.
En revanche, un nouveau problème pourra survenir. Nous devons exiger que tous ces nouveaux modèles d’affaires dévoilent leurs informations sur leur financement. Il ne faudrait pas assister  à une situation où les médias ne seront pas transparents. Qui sont les donateurs ? Y a-t-il des lobbys qui se cachent derrière ces dons ? Quelles sont les règles des conseils d’administration et de gouvernance ? Rappelons-nous que les journalistes ont largement contribué à lutter contre le financement occulte des partis politiques, il ne faudrait pas voir émerger un financement occulte des médias.
Voilà l’obligation des médias et de leurs modèles d’affaires en retour d’une aide gouvernementale. Que les noms des membres des conseils d’administration soient connus. Qu’une liste des donateurs soit publiée chaque année.
Ces mesures constitueraient une garantie de plus que nos médias demeurent libres et indépendants dans les nouvelles formules de modèles d’affaires.

Alain Saulnier
Professeur invité
Département de communication
Université de Montréal
31 octobre 2019


mercredi 23 octobre 2019

Les GAFAS dans la mire au lendemain de l'élection du Parti Libéral

J'aimerais partager avec vous cette réflexion. 
Tout d'abord, je crois que le milieu de la culture et des médias peut se réjouir que le parti conservateur dirigé par Andrew Scheer ait connu une mauvaise campagne électorale, en particulier au Québec et en Ontario.
L'élection d'un gouvernement minoritaire dirigé par Justin Trudeau ouvre plusieurs facettes intéressantes:
1) Ce dernier a promis de s'attaquer aux GAFA, et ce, après toutes les hésitations que nous avions connues depuis 2015 (Pas de taxe Netflix...). Même Mélanie Joly a fait son acte de contrition...
2) Pablo Rodriguez, lors du Grand débat sur la culture et les médias le 18 septembre (organisé par le département de communication de l'UdeM, l'École des médias de l'UQAM, le Pôle Médias des HEC et Culture Montréal), et Justin Trudeau le 29 septembre, ont annoncé qu'ils écouteraient attentivement les recommandations que leur soumettra le groupe d'experts présidé par Janet Yale, avec les membres Monique Simard et Pierre Trudel. C'est un engagement noté par tous et toutes. Il faudra le leur rappeler.
3) Tous les partis dont le Bloc Québécois avaient endossé le principe de la régulation des superpuissances numériques (GAFA) durant cette campagne électorale. Donc, il ne devrait pas y avoir d'opposition à la Chambre des Communes.
4) Cela signifie également que le gouvernement du Québec pourrait  lui aussi aller de l'avant et prendre sa part du boulot à accomplir. Encore là, il faut maintenir la pression.
5) Emmanuel Macron a même tweeté qu'il avait hâte de s'attaquer à la "régulation de l'espace numérique" avec Justin Trudeau. Nous ne sommes pas seuls...
6) Et l'OCDE doit se pencher sur ce dossier en 2020.

Bref, nous avons contribué à faire avancer ce dossier comme jamais auparavant. On ne peut que s'en féliciter. Les astres sont mieux alignées. La prochaine étape est de pousser sur ce gouvernement afin qu'il établisse rapidement un calendrier avec un échéancier précis pour accomplir ce travail.

Alain Saulnier
professeur invité
département de communication
Université de Montréal

Merci 2022. Place à 2023

  Merci 2022! En janvier, je mettais fin à dix années comme professeur au DESS en journalisme à l’Université de Montréal. 2022 restera une a...