dimanche 10 janvier 2021

Renouvellement des licences de Radio-Canada. Audiences du CRTC

 


AUDIENCES DU CRTC POUR LE RENOUVELLEMENT DES LICENCES DE RADIO-CANADA

Le CRTC entreprend dès demain les audiences pour le renouvellement des licences pour CBC et Radio-Canada. Voici quelques idées en vue de ce renouvellement.
Lorsque j’ai quitté Radio-Canada en 2012, j’avais soulevé dans ma lettre d’adieu aux employés, toute l’importance de sauvegarder Radio-Canada. Et j’avais écrit une mise en garde :
"À quoi sert Radio-Canada si c’est pour faire comme les autres?"
Ce sur quoi je voulais insister, c’est que Radio-Canada doit être différent des autres médias. Si le service public devait faire comme les autres, la population se questionnera alors avec raison sur la pertinence de le maintenir en vie.
Radio-Canada doit donc toujours se distinguer, offrir une réelle différence dans l’offre de contenus proposés sur toutes les plateformes. J’ajouterais que c’est primordial pour protéger la langue et la culture française ici.
Se distinguer, c’est également ne pas sombrer dans la commercialisation à outrance, comme c'est trop le cas dans les émissions (autres que l'information, quoique...). Malheureusement, le nouveau service TANDEM de publicité déguisée dans un costume de publireportage en est un exemple.

Afin d'apporter ma contribution à la discussion aux audiences du CRTC, voici quelques idées de lignes directrices.

1) Toujours maintenir le « arm’s lenght », c’est essentiel Radio-Canada/CBC n’est pas une télévision, une radio ou des services numériques d’État. C’est un service public qui relève du Parlement, pas du gouvernement. Conséquemment, il faut garantir que les membres du conseil d’administration soient nommés selon leurs qualifications et non selon la hauteur de leur contribution financière à un parti politique.

2) Radio-Canada et CBC constituent deux marchés distincts et ça doit le rester. Pas pour les annonceurs, mais pour le public à desservir. Ne jamais oublier que les francophones sont une minorité en Amérique du Nord dans un marché inondé par la production anglo-américaine. Une telle situation nécessite une approche différente. Donc, établir clairement une direction distincte (Vice-présidence) pour les services français et pour les services anglais.

3) Les services français doivent accorder un appui accru aux Premières Nations qui ont le français comme langue seconde (ou principale)

4) Radio-Canada peut constituer le plus extraordinaire rempart pour contrer la domination américaine en matière d’information et de culture et les propriétaires américains de l’univers numérique, mais à condition d’en avoir les moyens et d’offrir une importante différence de contenus. Quand on est à Radio-Canada, ça doit se voir, s’entendre et se percevoir à la lecture.

5) À mon avis, mettre fin à la dépendance de la publicité contribuera à offrir des contenus encore plus distincts. C’est pour cette raison que je suis partisan de la recommandation du Rapport du groupe présidé par Janet Yale voulant que la publicité soit retirée graduellement de Radio-Canada /CBC. J’en suis. C’est la seule façon de protéger les contenus distincts qu’un service public peut et doit offrir.

6) Dès les trois prochaines années, je propose qu'on retire graduellement la publicité des émissions d'information, à l'exception de commanditaires de prestige lors de grands événements couverts par le service de l'information.

7) Évidemment, on ne doit pas retirer la publicité sans compensation. Ce serait un désastre. C’est pourquoi, il faut établir une stratégie de remplacement. Définir de nouveaux modes de financement. L’État peut assumer une part importante du financement, mais il faudra se tourner vers d’autres modes de financement. Des redevances? D’autres pays le font. Mettre à contribution les géants du web qui profitent largement des contenus de CBC/Radio-Canada sur leurs plateformes. Il serait plus que temps! Ce travail incombe au gouvernement canadien et entre autres, à son ministre du patrimoine canadien, Steven Guilbeault.
8) Dernier point : les Services français de Radio-Canada doivent atteindre en tout temps un fort pourcentage de musique/paroles en français. Le service public doit encourager et stimuler l’écoute de la production francophone en musique, théâtre, films et télé séries. Cela inclut les performances musicales proposées dans les émissions de variétés et les télé séries.

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