mardi 27 août 2019

Mon mémoire à la commission parlementaire sur l'avenir des médias


Mémoire déposé à la Commission de la culture et de l’éducation

Notes sur l’auteur

Alain Saulnier est professeur invité au département de communication de l’Université de Montréal. Il y est actuellement directeur par intérim du programme de DÉSS en Journalisme. Auparavant, il a été journaliste durant plus de trente ans. Il a également consacré une grande partie de sa carrière à militer pour un journalisme de qualité au Québec, tant au sein des entreprises de presse qu'au sein des organisations professionnelles de journalistes. Ainsi, c'est sous sa présidence à la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) qu'a été adopté le premier Guide de déontologie de la profession journalistique au Québec.
Après avoir été journaliste et réalisateur dans plusieurs émissions d'information à la télévision, Alain Saulnier a dirigé le service d'information radio de Radio-Canada à compter de 1999, puis l'ensemble des services français d'information de 2006 à 2012.  Comme directeur général, il a proposé au service de l'information de Radio-Canada une vision misant sur le journalisme d'enquête, ce qui a contribué à lever le voile sur les scandales dans l'industrie de la construction au Québec, sur la corruption, sur le financement occulte des partis politiques et d'autres sujets importants. C’est sous sa direction que l’émission Enquête a été créée.
Depuis septembre 2012, Alain Saulnier enseigne le journalisme à l'Université de Montréal pour le programme de DESS en journalisme. En septembre 2013, il est aussi devenu producteur délégué de l'émission Arrêt sur le monde, produite par le CÉRIUM (Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal) et diffusée à Savoir Média.
En novembre 2014, il a publié  Ici ÉTAIT Radio-Canada aux Éditions Boréal, un livre qui a eu un impact important sur l'avenir du diffuseur public. Une édition anglaise, Losing our voice, Radio-Canada under siege, a été publiée en 2015. Il a également contribué à plusieurs ouvrages collectifs sur le journalisme.
Il a assumé la direction des contenus au magazine du journalisme Le Trente de 2015 à  2017. Il est aujourd’hui conseiller auprès du Groupe de recherche universitaire sur la radicalisation menant à la violence et les médias, sous la direction de Solange Lefebvre.
Alain Saulnier est un expert reconnu et un commentateur en journalisme et médias dans plusieurs émissions et publications au Québec. Il siège aux conseils d’administration du journal Le Devoir et du Groupe, Femmes, Politique et Démocratie.
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Introduction
Dans un premier temps, il nous faut considérer que la culture et les médias sont indissociables, l’un de l’autre. L’information et la culture font face aux mêmes défis et enjeux liés à l’univers numérique dominé par les superpuissances du web.
Dans ce mémoire, il m’apparaît essentiel de dresser un portrait global de ces enjeux.
À mon avis, il n’est plus possible de tenter de résoudre les problèmes, un à un, selon le palier de gouvernement auquel nous faisons référence. La répartition des pouvoirs entre le gouvernement du Québec et celui du Canada ne doit pas constituer un obstacle pour développer une stratégie globale afin de protéger la culture et les médias du Québec.
Le gouvernement du Québec possède trop peu de pouvoirs pour contrer l’omnipuissance des géants du web et les enjeux de l’ère numérique afin d’assurer une protection de nos médias et de notre culture.
Les pouvoirs qui relèvent du gouvernement fédéral échappent donc au contrôle du gouvernement québécois. Néanmoins, les deux paliers de gouvernement devront conjuguer leurs efforts pour une stratégie globale. C’est la raison pour laquelle je soulignerai tout au long de ce mémoire que le gouvernement québécois doit presser celui d’Ottawa à mettre fin au laxisme ambiant à l’égard des superpuissances numériques étrangères pour mener à bien une stratégie globale puissante. Ainsi, je soulignerai tous les champs d’action sur lesquels le gouvernement du Québec doit agir ou presser le gouvernement fédéral à s’inscrire dans une politique adéquate dans les champs de compétence fédérale.

La cohabitation avec les superpuissances numériques
Le 3 mai dernier, l’Assemblée Nationale adoptait à l’unanimité une motion demandant au gouvernement québécois d’orienter ses investissements publicitaires vers les médias québécois. Une manière d’éviter de nourrir davantage les réseaux sociaux comme FACEBOOK.
C’est qu’au fil des ans, les gouvernements québécois et canadien ont malheureusement privilégié le géant du web FACEBOOK pour leurs investissements publicitaires. Cela a eu des conséquences importantes sur nos médias.
Nos gouvernements ne font que suivre la vague. Les superpuissances du web établissent leur hégémonie sur l’ensemble du territoire. Laissés pour compte, les médias voient leur modèle d’affaires traditionnel leur échapper au profit de Google et Facebook qui accaparent plus de 70% des recettes publicitaires, selon l’étude « Le miroir éclaté » publié en janvier 2017.


En 2019, on parle plutôt de 80%.

Autre réalité, depuis dix ans : 71% des Canadiens francophones de moins de 35 ans et 55% tous âges confondus se tournent vers Facebook comme porte d'entrée vers l'information, selon le Digital News report Canada 2017. [10].  Le déclin de nos médias locaux et nationaux s’annonce pour l’avenir plus important qu’on ne le croyait.
Le géant du web Facebook prétend offrir la visibilité aux textes et reportages des journalistes de nos médias, mais s’approprie du même coup des revenus publicitaires. Quant aux droits d’auteur, on repassera.
Tout récemment, un nouveau joueur est débarqué sur le terrain de jeu des médias, Apple News, qui offre une vitrine d’informations provenant de nos médias nationaux…et locaux. « Si vous ne pouvez pas les battre, rejoignez leurs rangs », se sont dits les médias participants. On verra si ce partenariat sera équitable pour les médias qui ont décidé de les rejoindre. Nul média n’est à l’abri des tentacules des superpuissances du web.

Le déclin des médias
Devant l’affaiblissement de leur modèle d’affaires, les médias n’ont pu faire autrement que de restructurer leurs entreprises. 43% des emplois du secteur des médias ont été perdus entre 2009 et 2015 ! Il n’est pas exclu que nous assistions à la disparition prochaine de certains quotidiens tant le modèle d’affaires est culbuté par les géants du web. Certains ont abandonné le papier, se tournent vers la philanthropie et presse les gouvernements de leur offrir de l’aide pour opérer la transition numérique. Tous cherchent la recette miracle.
L’autre conséquence de l’emprise des superpuissances numériques telle que Facebook, c’est la prolifération de fausses nouvelles. Par son emprise sur le web, Facebook est en train de gagner la guerre de l’information …et de la désinformation au détriment des médias locaux et nationaux.

Or, cette offensive n’est pas à la veille de se terminer.
Les grands réseaux écrasent tout sur leur passage. Le nombre d’utilisateurs augmente sans cesse.
Et on se dirige droit vers un mur car Le Devoir titrait en juin 2018 que 90% des 18-34 ans s’informaient surtout sur les plateformes numériques. La bataille est-elle perdue ?





Les superpuissances numériques étrangères
Ce phénomène touche tout le monde, comme en témoigne ce tableau : 1,5 milliard d’utilisateurs par mois passent par You tube pour s’informer et avoir accès à des contenus culturels en vidéo. 2,3 milliards d’utilisateurs par mois pour Facebook qui a ajouté, lui aussi, un volet vidéo à son offre de contenus.




Que pouvons-nous faire devant une telle puissance ?
Si notre stratégie pour contrer les dégâts causés par les superpuissances numériques est de chercher des solutions, parcelle par parcelle, région par région, nous n’en viendrons pas à bout. Certes, des mesures ponctuelles aideront, mais ce sera insuffisant. On ne panse pas une blessure ouverte avec un simple sparadrap.
C’est un fait reconnu, les superpuissances numériques ne font pas de quartier et c’est loin d’être fini.
Le prochain tableau démontre l’explosion des chiffres d’affaires des grandes superpuissances en même temps que ces dernières marginalisent nos médias et notre culture :



Avec un total de 800 milliards de chiffres d’affaires, les membres du GAFAM possèdent d’immenses fortunes, plus importantes que le produit national brut de plusieurs États dans le monde. En fait, c’est l’équivalent du PNB combiné de la Belgique et de la République Tchèque.

La question qui tue : « Sommes-nous de taille pour mener un tel combat ? »

À cette question, je réponds oui. Par contre, nous devrons développer une stratégie et une politique globale pour réussir. Il est impossible de faire fi de la puissance des géants numériques. En revanche, il est essentiel de trouver les bonnes formules de cohabitation. Pour l’instant, les véritables propriétaires d’internet, ce sont ces quatre géants qu’on appelle GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon). 55% de la vie numérique passe par ces quatre géants.





[10] http://www.digitalnewsreport.org/survey/2017/canada-2017/
[11]www.ppforum.ca/fr/publications/le-miroir-%C3%A9clat%C3%A9-nouvelles-d%C3%A9mocratie-et-confiance-dans-l%E2%80%99%C3%A8re-num%C3%A9rique
[12]http://www.ledevoir.com/societe/medias/513401/la-presse-ecrite-en-peril-le-gouvernement-trudeau-doit-agir
[13] http://affaires.lapresse.ca/economie/marketing-et-publicite/201612/12/01-5050771-depenses-publicitaires-ottawa-priorise-le-numerique.php
[14] http://www.ledevoir.com/culture/actualites-culturelles/508732/lexique-fiscal-de-la-culture-numerique




Il faut une stratégie globale de tous les paliers de gouvernement pour cohabiter avec les superpuissances numériques







Voici quelques recommandations pour le Gouvernement du Québec

- Établir des règles d’équité fiscale

- Assujettir les puissances numériques étrangères aux taxes et percevoir les impôts qui sont redevables sur le territoire québécois

- Aide à la presse régionale et nationale : mesures financières pour favoriser la transition vers le numérique

- Favoriser les Investissements publicitaires dans les médias locaux et nationaux plutôt que sur Facebook

- En éducation : offrir dans toutes les régions du Québec des formations d’éducation aux médias et à l’information dans le cadre de cours à la citoyenneté des jeunes du niveau secondaire. Cette formation est également destinée à se prémunir contre les fausses nouvelles. Voir le projet développé par la FPJQ : https://www.sciencepresse.qc.ca/education-aux-medias

- Travailler de concert avec l’Organisation de la Francophonie afin de favoriser le rayonnement de nos médias et de notre culture.

- Collaborer en particulier avec nos partenaires européens en vue de recenser les meilleures pratiques d’encadrement des superpuissances numériques ailleurs dans le monde.

Enfin, toute stratégie globale ne peut se faire qu’en coordonnant l’action de tous les paliers de gouvernements. Québec, Ottawa doivent travailler ensemble afin de conjuguer leurs efforts sur les plans fiscal et législatif de même qu’en matière de règlementation de la diffusion numérique.

Les principes directeurs

1.            Réhabiliter la souveraineté culturelle du Canada et du Québec dans le nouvel environnement numérique dominé par les puissances étrangères du web. C’est là, notamment, le plus important défi pour la future loi sur la diffusion au Canada.
2.            Mettre en application la politique culturelle du Québec adoptée en 2018.
3.            L’exception culturelle francophone au Canada et en Amérique doit être solidement protégée dans ce nouvel écosystème dominé par les superpuissances numériques. Des accords internationaux sont nécessaires pour maintenir cet espace obtenu lors des négociations au sein de l’UNESCO en juin 2005.
4.            De fortes actions doivent être prises afin de faire rayonner notre culture et favoriser l’exportation de nos créations partout dans le monde.
5.            Internet doit désormais être considéré comme un service essentiel pour la vie démocratique en information et en culture dans toutes les régions du Québec.
6.            Réguler la tarification des accès de services internet sur l’ensemble du territoire québécois.
7.            Le principe de dualité linguistique doit faire partie intégrante de la future loi sur la diffusion au Canada et tenir compte des spécificités du marché francophone.
8.            Une attention particulière doit être accordée aux cultures autochtones partout au Québec dans un esprit de rattrapage et de réparation.
9.            Le Québec doit soutenir l’autorité règlementaire du CRTC sur tous les modes de diffusion et de distribution sur le territoire canadien. Dérèglementer le secteur des médias et des communications serait une grave erreur. Plusieurs grands joueurs de la câblodistribution au Canada militent en ce sens.
10.                Le gouvernement du Québec doit encourager le gouvernement canadien à soutenir et renforcer Radio-Canada comme diffuseur public au pays.
11.                De même, le gouvernement du Québec doit renforcer la mission de Télé-Québec sur tout le territoire, dans toutes les régions, afin de faire rayonner la culture.
12.                Nos diffuseurs publics doivent mieux préciser leurs mandats afin qu’ils deviennent de solides remparts pour contrer les géants du web tout en distinguant des médias privés en matière d’information et de culture. Planifier une stratégie de retrait progressif de la publicité des services publics afin de mieux appuyer le modèle d’affaires du secteur privé des médias. En retour, on peut s’inspirer des formules de redevances développées ailleurs dans le monde.
13.                Le gouvernement du Québec doit soutenir les droits d’auteur et la propriété intellectuelle. Un défi pour soutenir la création ici au pays.
14.                Assurer la protection des données personnelles qui sont sous contrôle des superpuissances du web.
15.                Affirmer la neutralité du WEB.
16.                Nos lois et règlements doivent fournir un certain contrôle sur les algorithmes, l’intelligence artificielle, ainsi que favoriser la « découvrabilité »  de nos contenus.
17.                Sur le plan politique, les gouvernements du Canada et du Québec doivent favoriser les alliances au sein de la Francophonie et faire rayonner la culture francophone à l’étranger.
18.                Enfin, le consensus est clair: il faut établir une équité fiscale entre les superpuissances du web et les entreprises d’ici. Ce défi appartient aux deux paliers de gouvernements, provincial et fédéral.

Beaucoup de pain sur la planche…


Alain Saulnier, 6 mai 2019
Professeur invité
Département de communication
Université de Montréal


mercredi 21 août 2019

Groupe Capitales Médias. Au delà du choc, quelle est la suite?


Groupe Capitales médias
Au delà du choc, quelle est la suite ?

L’onde de choc est difficile à encaisser. De grands quotidiens tels Le Soleil, La Tribune, Le Nouvelliste, Le Quotidien, La Voie de l’Est, Le Droit et Le Progrès sont acculés à la faillite. Dans l’immédiat, les dégâts auront heureusement été évités par l’intervention rapide du gouvernement. Intervention qu’il faut saluer.
Toutefois, la démocratie régionale, celle des communautés locales, des pouvoirs régionaux, des citoyens et des citoyennes est toujours menacée au delà de la date fixée du 31 décembre 2019 par le ministre Fitzgibbon.
Au delà de ce choc que se passe-t-il ? On aura toujours besoin de médias régionaux. Ils sont essentiels. On l’a répété.
Hier, dans l’onde de choc, on a peu parlé des dommages collatéraux de cette fermeture évitée de justesse. Par exemple, sur l’agence de la Presse canadienne. On a peu dit que si vous fermez ces quotidiens, vous retirez du même coup les revenus provenant des quotidiens du Groupe Capitales Médias qui contribuent à faire vivre l’agence de la Presse canadienne.
De plus, de nombreux autres médias ne pourraient plus offrir la même quantité et la qualité d’informations sans la participation des journalistes de la PC. C’est le cas de La Presse, Le Devoir, Le Droit, le journal Métro, le Huffington Post, Radio-Canada et bien d’autres. Bref, tout l’écosystème des médias en subirait les conséquences.
Combien de journalistes de la PC pourront demeurer en poste si une telle situation devait se produire ?

« Repreneurs » recherchés
Des « repreneurs » se manifesteront bientôt. Mais lesquels ? Si ce devait être Québecor, on créerait de nouveaux problèmes. D’abord celui de la concentration de la presse qu’on juge déjà démesurée des médias de Pierre Karl Péladeau au Québec. De plus, si Québecor devait reprendre les quotidiens du Groupe Capitales Médias, en tout ou en partie, cela signifie que le nouveau propriétaire imposera sa propre agence de nouvelles, QMI. Exit, les textes de la Presse canadienne. Autre mort annoncée en vue, donc.
Enfin, autre dommage collatéral : si Québecor devient le « repreneur » de toutes les propriétés de Capitales Médias, il retirera sans nul doute celles-ci du Conseil de Presse du Québec. Rappelons que Québecor s’oppose au Conseil de Presse depuis plusieurs années, allant même jusqu’à le contester en cour. Cela menacerait l’existence même du Conseil de Presse.
Par conséquent, le groupe chargé d’examiner les offres d’éventuels « repreneurs » devra avoir aussi à l’esprit quelques notions d’équilibre, de diversité des sources journalistiques et non uniquement des notions de plan d’affaires, de pertes et de profits. On jongle ici avec la qualité de la vie démocratique au Québec.
Par ailleurs, plusieurs médias tentent de développer des alternatives au modèle d’affaires traditionnel qui s’appuyait jusqu’ici sur la vente de publicité. On l’a vu, ce modèle a été bousculé, voire « bulldozé » par les géants du web Facebook et Google, en particulier. 80% des revenus numériques ont été détournés vers ces deux seuls géants.
C’est entre autres la raison pour laquelle La Presse a développé un modèle d’OBNL misant sur la philanthropie. On espère que la recette sera la bonne. Car là aussi ce serait une tragédie si l’information de qualité de La Presse devait disparaître.
De son côté, Le Devoir a développé un modèle qui s’appuie sur les revenus d’abonnements et la philanthropie. À ce jour, cette stratégie semble leur sourire car les résultats financiers sont bons, encore cette année[1]. (NDLR : en toute transparence, je dois préciser que je siège au conseil d’administration du quotidien Le Devoir)
On souhaite également que les mesures annoncées par le gouvernement fédéral d’aide aux médias (crédits d’impôt et autres mesures) soient mises en application au plus vite, car Il y a urgence aussi bien pour les médias régionaux que nationaux.

Une stratégie de cohabitation avec les superpuissances numériques
Quoi qu’il en soit, il devient évident qu’on ne peut régler à la pièce, cas par cas, la crise des médias. Dans le mémoire que j’ai déposé à l’intention de la commission permanente de la culture et de l’éducation qui se penchera la semaine prochaine sur l’avenir des médias, j’ai écrit : « on ne panse pas une blessure ouverte avec un simple sparadrap » (diachylon, si vous préférez). Car, telle est la situation : les superpuissances numériques imposent leurs lois au détriment de celles des États nationaux. Elles font fi des règlementations nationales de diffusion et de publication, des règles nationales en matière de fiscalité et de taxation, des droits d’auteur. Il y a une quarantaine d’années, le chef du NPD, David Lewis, qualifiait les superpuissances d’alors de « Corporate Welfare bums ».
Aussi serait-il temps pour nos États, à Québec comme à Ottawa, de faire front commun pour que ces superpuissances se comportent comme de bons citoyens corporatifs. Qu’elles paient des impôts, des taxes. Qu’elles respectent les droits d’auteur des journalistes et des médias. Qu’elles versent un pourcentage défini sur leurs profits et leurs chiffres d’affaires.
(La France a établi une taxe de 3% du chiffre d’affaires pour les GAFA). Cet argent pourrait être ensuite redirigé et versé dans un nouveau Fonds des médias, ouvert à tous les médias (écrits, audio-visuels, numériques).
Le Canada, le Québec ne peuvent agir seuls à cet égard. Ils devront nécessairement se concerter avec ces pays européens qui donnent déjà l’exemple. Pas avec les États-Unis qui dénoncent toute intervention contre les GAFA.
S’il y a urgence, cela signifie que chaque palier de gouvernement, tous les parlementaires, à Ottawa comme à Québec doivent travailler à élaborer une stratégie globale afin de contrer les superpuissances du web et établir des règles équitables de cohabitation. C’est, entre autres ainsi, que nous pourrons miser sur des revenus qui permettront d’assurer la survie de nos cultures et de nos médias tant nationaux que régionaux.
Alain Saulnier
Professeur invité
Département de communication
Université de Montréal



[1] En toute transparence, je dois préciser que je siège au conseil d’administration du Devoir

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